L’Inde s’apprête à élire son parlement pour les cinq prochaines années. Alors que la campagne électorale, centrée sur le Premier ministre Narendra Modi, bat son plein, l’écologie est le grand absent des débats. Pourtant, le pays, fortement vulnérable aux changements climatiques, fait face à des problèmes environnementaux majeurs. En octobre 2023, New Delhi a été la capitale la plus polluée du monde, soumettant ses 30 millions d’habitants à des niveaux de particules fines dangereux. En décembre dernier, Chennai a été touchée par des inondations massives, tandis que Bangalore connaît la pire sécheresse de son histoire.
Malgré cette réalité environnementale alarmante, l’écologie reste en marge des préoccupations politiques, y compris lors des élections législatives qui ont débuté le 19 avril et se poursuivront jusqu’au 1ᵉʳ juin, où le prochain Premier ministre sera désigné. « C’est même pire que lors des précédentes élections », déclare Bhavreen Khandari, cofondatrice de Warrior Moms, une organisation qui sensibilise à la pollution de l’air à New Delhi. Sous le leadership de Narendra Modi, qui brigue un troisième mandat, le Bharatiya Janata Party (BJP) a pris le contrôle des grandes chaînes de télévision et a instauré un culte de la personnalité, mettant l’accent sur le développement économique plutôt que sur la durabilité environnementale.
La politique indienne n’est pas climatosceptique, mais l’accent mis sur la croissance économique et la stabilité politique a relégué l’urgence climatique au second plan. Même si le BJP met en avant ses programmes solaires et à l’hydrogène, et que le Parti du Congrès propose de renforcer le code environnemental, les bonnes intentions ne suffisent pas à faire de l’écologie une priorité électorale. Les six semaines de scrutin se dérouleront pendant la saison chaude, avec des risques de températures extrêmes pouvant affecter le déroulement du vote, soulignant encore davantage la nécessité de placer le climat au cœur des discussions politiques en Inde.