Quand on est un habitué des travaux de terrassement, d’excavation, de plomberie ou d’assainissement, on peut être tenté d’installer sa microstation soi-même.
Oui, vous pouvez envisager de faire des économies sur la main d’œuvre quand vous êtes bien équipé, mais ce n’est surtout pas une bonne idée.
C’est une évidence, la mise en place de cette filière est réglementée. Vous ne pouvez donc réaliser les travaux que si vous êtes un professionnel agréé, sous peine de perdre les garanties qui accompagnent votre micro station ou d’avoir un dispositif qui n’est pas aux normes, ce qui pourrait impliquer des coûts supplémentaires non négligeables.
Qu’est-ce qu’une microstation ?
Avant de répondre à la question « peut-on installer sa microstation soi-même ? », nous allons vous présenter brièvement cette filière d’assainissement et vous expliquer son fonctionnement.
La microstation est un dispositif de plus en plus prisé dans le domaine de l’assainissement individuel. Elle était très utilisée dans les pays du nord de l’Europe, mais elle devient rapidement l’apanage des propriétaires de logements sans terrain en France.
C’est actuellement la filière d’assainissement la plus compacte du marché et elle peut traiter l’ensemble des eaux usées domestiques issues d’une habitation non reliée au tout-à-l’égout. Elle est généralement constituée d’une ou deux cuves, avec une emprise au sol de 5 à 10 m² pour un logement standard.
La microstation traite les eaux usées grâce à l’action des bactéries épuratrices capables de se développer dans des milieux avec oxygène et de digérer les matières polluantes dans les eaux. À la sortie du dispositif, les eaux traitées peuvent donc être restituées directement au milieu naturel. Cette filière d’assainissement ne nécessite donc aucune adjonction de produits chimiques, ce qui lui confère son caractère écologique.
On recense deux catégories de microstations, à savoir les microstations à culture libre et celles à culture fixée. Pour le premier modèle, les bactéries épuratrices sont retenues sur des supports. Par contre, pour la technologie à culture libre, elles sont restent en suspension dans l’eau et la boue.
Pourquoi choisir cette filière d’assainissement ?
Le premier avantage de la microstation est bien entendu son caractère autonome et relativement écologique. Elle est si performante que les eaux qui y sortent peuvent être rejetées dans un cours d’eau ou servir à l’irrigation des végétaux.
Contrairement à la fosse septique traditionnelle, ce dispositif ne dégage aucune odeur nauséabonde. Adaptée aux terrains réduits, elle peut même être installée hors-sol, dans une cave ou un garage, en l’absence totale d’une parcelle de terrain.
Enfin, la durée de vie de cette filière est comprise entre 20 et 30 ans, de quoi rentabiliser votre investissement.
Contrairement aux idées reçues, la microstation a quelques inconvénients. Elle ne supporte pas les longues périodes d’inactivité, ce qui fait d’elle une filière à proscrire pour les maisons secondaires. On reproche également ce dispositif de consommer de l’électricité en permanence. Bien que la consommation ne représente qu’environ 30 euros par an, cela peut devenir une véritable contrainte lorsque la zone d’installation est dépourvue de cette commodité.
Les différentes étapes de l’installation d’une micro station
Du terrassement à la mise en marche en passant par le remblaiement du dispositif, l’installation d’une micro station requiert un travail qui respecte les règles de l’art. Ainsi, après avoir effectué une étude minutieuse du sol, le professionnel de l’assainissement va :
- Proposer l’emplacement exact de la cuve en fonction de plusieurs paramètres (distance par rapport aux clôtures, au logement, aux arbres, aux sources d’eau, etc.)
- Calculer les pourcentages de la pente,
- Définir la profondeur de la fouille,
- Réaliser les travaux de terrassement,
- Installer la microstation d’épuration,
- Effectuer tous les raccordements tout en garantissant leur étanchéité,
- Poser les autres composants tels que les câbles électriques et le tableau de commande,
- Remblayer le tout.
Chacune de ces opérations non exhaustives est cruciale pour assurer le bon fonctionnement de votre micro station.
Au cas où certains détails seraient omis ou malmenés, cela pourrait impliquer le dysfonctionnement du dispositif.
Les eaux usées traitées peuvent donc contenir des polluants qui risquent de nuire à la santé humaine et à l’environnement.
Installer sa microstation soi-même, est-ce une bonne idée ?
Sur le papier, l’installation d’une microstation semble facile à réaliser et il serait donc tentant de poser son système soi-même. Pourtant, sachez que c’est une opération délicate et qui représente un enjeu sanitaire et environnemental. Pour pouvoir le faire, il faut avoir des connaissances solides dans les domaines suivants :
Terrassement
Une microstation est généralement conçue pour être enterrée. Pour pouvoir la poser, il faut créer une fouille, c’est-à-dire que vous allez devoir réaliser des travaux de terrassement. Vous devez donc avoir un solide savoir-faire dans ce domaine et disposer des équipements et matériels nécessaires si vous voulez bénéficier d’une microstation parfaitement fonctionnelle.
- Avez-vous une pelle mécanique ? Sinon, pouvez-vous en louer une ?
- Maîtrisez-vous l’art de l’excavation ? Sachez que vous devez respecter des mesures précises tant en largeur qu’en longueur ou en hauteur pour mieux stabiliser le dispositif.
- Connaissez-vous les techniques spécifiques du remblayage d’une station d’épuration individuelle ? Si ce n’est pas le cas, vous risquez donc d’écraser la microstation lors de cette opération.
Électricité
Pour rappel, votre microstation épure les eaux grâce à des bactéries qui peuvent dégrader les matières organiques. Mais pour que cela soit possible, il faut que ces micro-organismes soient activés. Et pour ce faire, il faut leur fournir de l’oxygène. C’est pour cela que la microstation est dotée d’un compresseur électrique qui injecte de l’air à l’intérieur de la cuve de traitement. Ce dispositif est généralement installé dans une armoire extérieure. Il peut être réglé via un tableau de commande.
Vous pouvez vous référer à votre guide d’installation pour installer ce système, mais vous devez aussi maîtriser certaines bases concernant les branchements électriques, à savoir :
- L’utilité d’une phase, d’un neutre et de la terre,
- Le procédé d’installation d’un disjoncteur pour protéger le tableau de commande,
- Les normes de section de câble à utiliser,
- Etc.
Plomberie
Il ne suffit pas de mettre en place une microstation pour qu’elle puisse épurer vos eaux usées. Vous devez également installer tout un réseau de canalisations.
- Savez-vous que type de tuyau devez-vous utiliser et quel doit être son dimensionnement ?
- Comment devez-vous raccorder les tubes ?
- Quelle est la pente minimale que vous devez respecter pour permettre le bon écoulement des eaux usées ?
- Comment faire en sorte que les raccords soient parfaitement étanches lorsque vous les collez ?
- Où devez-vous installer le bac à graisse, la pompe de relevage, etc. ?
Réglementations concernant l’assainissement
L’alimentation en eau, le traitement des effluents et le rejet des eaux usées traitées doivent se conformer à des règles précises. Lors de la pose de votre microstation, vous devez adopter les consignes de sécurité des intervenants, les recommandations en cas de zone inondable, de présence de nappe phréatique ou d’éloignement de l’installation par rapport au logement.
Vous devez par exemple veiller à ce que les normes suivantes soient respectées :
- Distance entre la microstation et le logement : 5 m minimum.
- La distance de l’installation par rapport aux limites de propriété, aux arbres et arbustes : 3 m au minimum.
- Distance entre la microstation et un puits, un forage ou une source d’eau destinée à la consommation humaine : 35 m minimum.
Savez-vous la capacité de la microstation adaptée à votre logement ? Quel est le matériau de fabrication le mieux adapté aux contraintes de votre terrain et à votre budget ? Quelles sont les règles à respecter lors de la première mise en marche de votre dispositif ? Etc.
Bref, il existe autant de questions auxquelles vous devrez essayer de répondre avant de vous lancer dans l’auto-installation de votre filière d’assainissement. À moins que vous ne soyez un spécialiste de l’assainissement, il est fort probable que vous négligiez certains détails importants lorsque vous réalisez les travaux.
Cout d’installation d’une microstation
Voici donc le principal argument qui peut vous pousser à installer vous-même votre filière d’assainissement.
En effet, le budget à prévoir pour la pose d’une microstation d’épuration est de :
- 6 000 à 20 000 euros pour le prix hors pose.
- 8 000 à 24 000 euros pour le prix avec pose.
Comme vous pouvez le constater, le prix de la main d’œuvre relative à la pose et la mise en marche de votre microstation peut aller de 2 000 à 4 000 euros. Installer vous-même votre dispositif pourrait vous faire économiser une telle somme, mais au final, ce n’est pas une bonne idée.
Les contrôles du SPANC
Votre système doit être vérifié par le SPANC (Service public d’Assainissement non collectif) à deux reprises. Le but de ces diagnostics est de s’assurer que les travaux répondent aux réglementations en vigueur en termes d’assainissement individuel. Et c’est là que l’intervention d’un spécialiste peut jouer en votre faveur.
Avant toute chose, vous devez déposer une demande d’autorisation auprès de ce service pour qu’il valide votre projet d’assainissement. Sans connaissance spécifique, vous risquez donc d’avoir des difficultés à obtenir l’approbation du SPANC. C’est pour cela qu’il faut confier l’étude de faisabilité de votre installation à un spécialiste agréé.
Avant le remblayage du système, ce service va encore envoyer son délégataire pour constater la mise en œuvre des travaux. Obligatoire, ce contrôle ne devrait pas générer une dépense supplémentaire. Toutefois, si vous vous aventurez seul dans la mise en œuvre de votre installation et que l’agent délégataire du SPANC constate que les travaux ne sont pas conformes, celui-ci peut vous obliger à remettre aux normes votre dispositif. Et cela pourrait coûter plusieurs milliers d’euros.
Enfin, il faut rappeler que si vous optez pour l’auto-construction, vous vous privez de nombreuses aides qui permettent d’alléger considérablement le coût de votre projet.
Les aides et subventions qui vont vous manquer
Vous avez réussi à maîtriser toutes les techniques et vous êtes parvenu à réaliser jusqu’au bout la mise en marche de votre microstation selon les normes en vigueur ? C’est une bonne chose, car vous aurez probablement fait quelques économies. Pourtant, sachez que vous avez aussi perdu certaines aides, subventions et garanties non-négligeables, à savoir :
Le prêt pouvant être obtenu auprès de la CAF (Caisse d’allocations familiales).
L’éco-prêt à taux zéro pour une microstation ne consommant pas d’électricité. Votre logement doit être achevé depuis plus de 2 ans.
Les subventions de l’agence de l’eau
Cette institution peut financer votre projet de réhabilitation de votre dispositif d’assainissement individuel lorsqu’il est constaté par le SPANC comme à risque ou absent. Le montant de la subvention peut s’élever à 3 000 euros par installation.
Les subventions de l’Agence Nationale pour l’Amélioration de l’Habitat (ANAH)
L’Anah propose aussi des subventions aux propriétaires des logements qui réalisent des travaux d’installation ou de rénovation de leur système d’assainissement. Lorsque vous choisissez une microstation, l’agence peut financer jusqu’à 50 % du montant de votre projet, avec un plafond de 50 000 euros. Vos revenus doivent toutefois être inférieurs à un certain plafond et que vous bénéficiez déjà des subventions de l’Agence de l’eau de votre région.
Les garanties du fabricant
La microstation d’épuration est un dispositif conçu pour durer. Certains fabricants peuvent ainsi fournir une garantie de 10 ans, voire jusqu’à plus de 20 ans pour la cuverie. C’est en quelque sorte une gage de la fiabilité de votre dispositif et donc de votre tranquillité d’esprit. Pour obtenir ces garanties, les fabricants exigent toujours que le dispositif soit installé par ses spécialistes ou par un professionnel agréé. Installer vous-même votre dispositif vous prive donc de cette opportunité.
Conclusion
Certes, l’installation d’une micro station d’épuration individuelle peut paraître facile et il suffit de vous documenter sur des sites spécialisés en ligne pour avoir une idée précise de ce qu’il faut faire.
Toutefois, sachez que vous devez disposer des connaissances solides dans le domaine et de toute une gamme d’équipements pour y parvenir. De ce fait, il est fortement déconseillé de vous engager seul dans ce genre de projet, notamment si vous voulez une micro station parfaitement fonctionnelle à moindre coût.
Et n’oubliez pas que la TVA à 10% est disponible pour tous les travaux effectués par un professionnel !